ANNA LOFI
« MAÇONS ET TAILLEURS DE PIERRE, EN VOIE DE DISPARITION.
Minorque, paysage de pierre sèche, un patrimoine culturel immatériel de l’humanité menacé »
Si tous les murs en pierre sèche de Minorque étaient mis bout à bout, ils feraient plusieurs fois le tour de la planète. L’une des choses les plus frappantes lorsqu’on découvre l’île est la quantité de pierres dans le paysage et les constructions en pierre sèche qui s’y trouvent. Minorque est connue pour ses talayots, ses navetas et ses villes de pierre datant de la préhistoire. Ainsi que pour les murs et autres constructions traditionnelles plus récentes construites en pierre sèche, et pour les carrières de pierre calcaire et de grès qui ont donné vie à l’île pendant plus d’un siècle. Aujourd’hui, ces constructions doivent être entretenues, mais il n’y a pas de main-d’œuvre qualifiée pour le faire.
Comme son nom l’indique, l’art de la pierre sèche ou maçonnerie à sec consiste à empiler et emboîter des pierres et des rochers, sans aucun mortier, pour créer une structure. Des murets, des puits d’eau, des enclos à bétail, des cabanes, des chemins, etc. ne sont que quelques-uns des nombreuses constructions en pierre sèche présentes sur toute l’île. Minorque est une Réserve naturelle de biosphère et la technique des murs en pierre sèche crée un équilibre entre l’exploitation de l’environnement et le respect du milieu ambiant. Au cours des XIXe et XXe siècles, différentes carrières ont été exploitées sur toute l’île, et ce secteur est également menacé de disparition.
Dans le passé, la technique des murs en pierre sèche était utilisée dans les zones rurales, mais aujourd’hui cet art est également appliqué aux murs des maisons et des pavillons, en utilisant souvent un type de ciment ou de liant pour les renforcer. Les constructions en pierre sèche n’existent pas seulement à Minorque. On les retrouve dans le monde entier. En 2018, l’art de la pierre sèche a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Actuellement, ce type de constructions est considéré en voie de disparition, car il y a de moins en moins de maçons et aucune relève générationnelle ne se profile pour les entretenir. Il en va de même pour les tailleurs de pierre, qui sont contraints de quitter le métier à cause de la bureaucratie et d’un manque de débouchés, un métier qui risque de disparaître à jamais.
Ce reportage a été possible grâce à l’association artistique Es Far Cultural et au séjour effectué à la Maison d’Artistes de Minorque lors de la résidence de création photographique F/16. Ce rapport est le résultat d’une idée et de recherches menées par la journaliste Carmina Balaguer.
CV
Anna Lofi (López Figueras) est née à Reus en 1993. En 2017, elle obtient son diplôme en Communication audiovisuelle de l’Universitat Rovira i Virgili et participe ensuite au programme Erasmus de l’université Lumière Lyon 2 en France, d’où elle collabore avec Televisió de Catalunya en réalisant des reportages pour le programme Blog Europa. Elle a effectué un stage à la fondation Photographic Social Vision, en participant à l’édition et à la création de contenus pour la diffusion de World Press Photo Barcelona 2015. Elle a récemment obtenu un diplôme de troisième cycle en photojournalisme de l’Universitat Autònoma de Barcelone.
Elle a également été bénévole pour plusieurs ONG telles que la Fundación Vicente Ferrer dans l’Inde rurale, ou No Name Kitchen sur la route des Balkans, et a travaillé en tant que photojournaliste et reporter à la frontière de la Pologne et de l’Ukraine.
Certains de ses travaux ont remporté des prix et des bourses, et ont été exposés dans différents espaces, tels que le photoreportage et documentaire vidéo Hijras, les filles dels Kinnars (« Hijras, les filles des Kinnars ») qui aborde le thème du troisième genre en Inde et a été projeté lors du festival international de photojournalisme Visa Off Pour l’Image de Perpignan 2019, du festival FILMETS, du Menorca Doc Fest et de Curtàneu, en plus d’avoir été diffusé sur TV3. Le photoreportage Llàgrimes de sirena (« Larmes de sirène »), sur le thème des produits chimiques dans la région du Camp de Tarragone, a remporté le 5ème concours de journalisme Joan Marc Salvat et a été projeté au Visa Off Pour l’Image 2021.
Commissariat, production et conception d’exposition
INSPAI, Centre de la Imatge de la Diputació de Girona
© Anna Lofi